Chronique d'une faillite annoncée

HUMEUR Neuchâtel Xamax navigue en eaux agitées. Et l’avis d’orages violents peut d’ores et déjà être décrété avec plus de fiabilité que celui de MétéoSuisse le 26 août dernier. Xamax court-il vers sa perte? Poser la question revient presque à y répondre tant le club neuchâtelois squatte la rubrique "faits divers" des journaux depuis sa reprise par un obscur homme d’affaire tchétchène, en mai dernier.

Salaires payés avec quelques jours de retard, location du stade de la Maladière assurée au dernier moment, alors que la ville de Neuchâtel était sur le point de mettre le club aux poursuites, et recherche soudaine de sponsors quelques semaines seulement après en avoir remercié… Les indicateurs gzamaxiens sont aux couleurs du club: rouge pour les comptes, noir pour un horizon de plus en plus bouché. Et la disparition de Dagmara Trading, la société de Chagaev, des maillots du Terek Grozny pour cause d’engagement de sponsoring non-honoré n’est pas non plus de nature à rassurer.

Bulat Chagaev ne fait même plus rire. Sa folie démesurée inquiète. Une tendance «mégalo-pressé» qui n’est pas sans rappeler le passage express d’un autre investisseur étranger en Suisse romande. Un certain Marc Roger, arrivé en février 2004 à la tête du Servette FC et reparti 21 recrues, 2 entraîneurs et moins de 12 mois plus tard, une faillite à la clé.

Un épilogue auquel Neuchâtel Xamax semble voué. Cette saison, la masse salariale pour les seuls joueurs a grimpé à hauteur de 16 millions de francs, contre 2,5 l’an dernier. Sans doute suffisant pour décourager le plus téméraire des repreneurs, même pour un passage de témoin à zéro franc. Reste donc à savoir quand Bulat en aura marre de son jouet grandeur nature. Le plus tôt sera le mieux, la faillite la seule issue. Probablement la meilleure aussi. Pour que Gzamax redeviennent Xamax, que Neuchâtel ne devienne pas Wainach et que ses joueurs continuent à fouler le synthétique de la Maladière.