GRAND FORMAT Demain après-midi (13h45) verra se dérouler, en Angleterre, le 155e derby de la ville de Manchester. Un choc qui, au fil des années, est devenu de plus en plus indécis. Les pétrodollars y sont pour beaucoup.
A ses débuts, Manchester City n’était autre que le club des pauvres. Le représentant de la classe ouvrière d’une ville majoritairement ralliée à la cause du maillot bleu ciel. Les Citizens, comme leur surnom l’indique, symbolisent le peuple, la cité de Manchester. Au sein de celle-ci, les supporters de City sont encore aujourd’hui largement dominants, ceux de United habitant, pour le quart des abonnés, à plus de cent kilomètres de la ville. Pourtant, le club a longtemps vécu dans l’ombre de son rival Manchester United, qui offre de multiples trophées à l’agglomération mancunienne depuis des années. Old Trafford, surnommé le théâtre des rêves, a en effet déjà fêté 18 titres de champion d’Angleterre et onze FA Cups. Avec également trois Ligues des Champions à leur actif, les Red Devils font bien mieux que les Skyblues, privés de titre national depuis plus de quarante ans. Cependant, Manchester City semble n’avoir jamais été aussi proche de son plus grand rival. Le derby de Manchester, ou quand les pétrodollars viennent perturber une hégémonie longtemps indiscutable.
Une progression « express »
Nous sommes en 1999 et Manchester City végète en troisième division anglaise. Trois ans plus tard, le club retrouve la Premier League pour signer son meilleur classement – une 5e place – l’an dernier. Une progression « express » pas forcément naturelle. Tout bascula, en effet, un certain 1er septembre 2008 durant lequel le cheikh Mansour bin Zayed al-Nayan, membre de la famille régnante d’Abu Dhabi, reprit le club Citizen. Son objectif ? En faire le plus grand club de la planète. Et comment ? A coup de pétrodollars qui ont, depuis, largement franchit la limite du fair-play financier. Ou quand le club des pauvres devient le plus riche. Après avoir dépensé 200 millions d’euros l’an passé, City a, cette saison encore, frappé un grand coup sur le marché des transferts en s’attachant les services, notamment, de Yaya Touré, David Silva, James Milner, Mario Balotelli ou encore Edin Dzeko. Si lors de ses premières saisons à la tête de Manchester City, le cheikh Mansour avait commis beaucoup d’erreurs de castings, il semble aujourd’hui se diriger sur la bonne voie. « Le club fait tout pour arriver au sommet et ils vont y arriver. City sera un grand d’Europe, c’est certain. Leur politique de recrutement a changé, ils engagent des joueurs d’avenir. C’est clair qu’ils ont fait des erreurs avec des Adebayor, Bellamy ou Bridge mais aujourd’hui, ils sont dans la bonne direction. Les joueurs recrutés amènent quelque chose. De plus, Carlos Tevez, c’est la signature qui manquait au club » analyse le Valaisan Gelson Fernandes, ancien joueur de Manchester City.
Un enjeu de taille
Mais Carlos Tevez, c’est surtout l’ancienne icône de Manchester United devenu le plus grand traitre des Red Devils en s’engageant chez le voisin Citizen durant l’année 2009. Le chemin qu’a emprunté l’Apache n’est autre que le pire que l’on puisse imaginer dans une ville où la rivalité qui existe entre City et United est hors-norme. Demain, à l’occasion du 155e derby de Manchester, l’Argentin, deuxième meilleure gâchette du pays avec 18 buts - derrière l’attaquant de United Dimitar Berbatov, 19 buts - retrouvera, sur la pelouse d’Old Trafford, ses anciens coéquipiers. « Cela va être la guerre sur le terrain, dans les tribunes et dans la ville. Le derby, c’est le match le plus important de la saison. Si tu le gagnes, tu as réussi ta saison. Si tu le perds… La rivalité entre les deux clubs est énorme. Dans la vie de tous les jours, les joueurs des deux équipes ne fréquentent pas les mêmes restaurants et n’habitent pas les mêmes quartiers de la ville » explique Gelson Fernandes.
Plus qu’une rivalité, la haine qui semble exister entre ces deux clubs fait monter la pression de plusieurs crans à quelques heures du coup d’envoi. Une pression qui ne cesse de grandir de saisons en saisons, à mesure que Manchester City se rapproche du grand United dans la hiérarchie britannique. Jusqu’à le devancer un jour ? Probable. L’enjeu de demain sera d’ailleurs de taille puisque les Red Devils, leaders de la Premier League, pourraient, en cas de victoire, prendre une avance confortable de neuf points sur son rival, troisième au classement. A l’inverse, les Citizens auront l’occasion de complètement relancer la course au titre en tête de la Premier League. Les bookmakers britanniques n’ont du reste jamais été aussi partagés quant au résultat du derby de Manchester. Gelson Fernandes, lui, annonce la couleur. « City va gagner ». A suivre dès demain (13h45) sur les antennes de la chaîne privée française Canal Plus Sport.
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