INTERVIEW Atypique dans un monde de footballeurs ou d'anciennes gloires plutôt formaté, Christophe Bonvin a opté pour une reconversion loin des terrains, mais toujours proches des ballons "rouge et blanc"! Négociant en vins, l'ancien attaquant sédunois revient sous les feux de l'actualité avant chaque finale de Coupe suisse impliquant le FC Sion. Pour L'après match, il s'est prêté au jeu des questions-réponses. Sans langue de bois et avec une fraîcheur intacte.
Christophe Bonvin, avant chaque finale de coupe disputée par le FC Sion, les médias vous prennent d'assaut sans beaucoup faire évoluer leurs questions. C'est pas un peu énervant?
Non, ce n'est pas si souvent que ça, il y a des pauses. Si c'était chaque année, ça le serait peut-être un peu, mais là ça va, ça ne me gêne pas du tout. J'en discutais dernièrement avec Alain Balet, c'est sympa, ça nous fait ressortir des souvenirs.
Au fait, combien de finales avez-vous gagné avec le FC Sion?
Quatre (les seules, puisqu'il n'a soulevé la coupe que sous le maillot sédunois).
S'il ne fallait en ressortir que deux, quels seraient vos meilleurs souvenirs de ces épopées en coupe?
Le souvenir qui me revient immédiatement, c'est l'entrée dans le stade pour l'échauffement avec Vincent Fournier lors de ma première finale en 1986. 40'000 personnes s'amassaient alors dans le vieux Wankdorf. Quand nous sommes entrés sur la pelouse, le stade était quasi plein déjà et tous les drapeaux valaisans s'agitaient. C'était incroyable. L'autre souvenir que j'ai, c'est quand je marque le 2-1 contre Servette en 1996 alors que nous étions menés 2-0. Sur le coup, je ne pense pas à fêter mon but, mais à marquer les suivants. C'est l'une des fois où j'ai le plus ressenti cet esprit de combattant.
Et la douzième, vous y croyez?
Honnêtement, j'attends encore que l'enthousiasme monte. En 2006 et 2009, j'étais convaincu que Sion allait gagner. Cette année j'ai plus de peine à me mettre dedans. Il faudrait me reposer la question dimanche matin.
Selon vous, quelles sont les forces et les faiblesses des deux équipes?
La seule règle en finale, c'est qu'il faut oublier les onze autres. C'est une lapalissade, mais il y a deux équipes sur le terrain et Neuchâtel a malgré tout montré de belles choses cette année. Après, je n'ai pas assez analysé la saison au niveau technique pour souligner les points forts et faibles des deux équipes.
Hormis avant une finale de coupe impliquant le FC Sion ou d'autres grands événements footballistiques, on ne vous entend plus beaucoup parler de foot. Une volonté?
C'est vrai que j'ai pris du recul, car j'ai moins le temps. Le week-end, j'aime mieux rester au chalet ou à la maison. Je suis par contre toujours les résultats du FC Sion et de l'équipe suisse. La Nati un peu plus assidument peut-être, car j'ai beaucoup d'affinités avec Michel Pont.
Dans votre emploi du temps hebdomadaire, quelle place prend le ballon rond?
Je regarde la Champions League de temps en temps. Mais je choisis mes affiches et zappe si ce n'est pas bon. En dégustation, on me demande aussi souvent de parler un peu de foot. Je le fais toujours avec plaisir.
Vous avez fait de l'œnologie votre métier. Nous cachez-vous d'autres centres d'intérêts ou passions?
J'adore la lecture. Nous avons d'ailleurs une libraire à Martigny.
Gardez-vous des contacts réguliers avec vos anciens coéquipiers?
Oui, bien sûr. Henchoz vient de m'appeler pour me demander si je venais à Bâle dimanche. Je vois aussi Pif régulièrement... J'en vois beaucoup. Il y a aussi Wicky, Lonfat ou Sylvestre... Non, on reste en contact.
Peut-on parler d'amitiés?
Ce sont de très bons copains. Quoique, oui, avec certains on peut presque parler d'amitié.
Connaissiez-vous déjà L'après match?
Oui, l'ami de ma fille m'en avait parlé, puisque je figurais comme ambassadeur dans un article imaginant une équipe 100% valaisanne. Vous ne pouviez pas mieux tomber, la fonction d'ambassadeur me convient parfaitement! J'ai parcouru le blog une fois, c'est sympa. Maintenant je vais y aller plus souvent (rire).
Et vous, après un match, vous faites quoi?
C'est intéressant, dernièrement, un ami m'a appelé pour aller voir la demi-finale de Coupe suisse contre Bienne. Je lui ai dit "d'accord, mais on va manger quelque chose avant". Pour moi, je dirais que maintenant la partie la plus importante est celle qui entoure le match, avant ou après.
Et quand vous étiez pro, quel était le programme?
A Neuch, on allait tous à la Pizzeria. A Servette, c'était un peu plus éclaté, moi j'allais toujours avec Pédat et quelques autres. A Sion, on était aussi un bon noyau à aller manger ensemble après les matches. Pont du Rhône, Motel du Soleil ou d'autres restaurants qui n'existent plus maintenant: on n'avait pas de stamm attitré.
Quel type de joueur étiez-vous, un bourreau de travail à la Cristiano Ronaldo ou un adepte des petits plaisirs de la vie, comme certains joueurs anglais des années 90?
J'étais très sérieux, je faisais tout pour mon métier. Sieste, etc., je faisais vraiment tout pour être le plus performant possible. Après c'est vrai que durant mes quatre dernières années, celles ou je trouve que j'étais le plus performant, j'aimais bien boire un verre de rouge en mangeant. Mais sans excès... Enfin, que très rarement (rire).
Plutôt Anfield un soir de défaite 6-3 ou le Wankdorf en finale de Coupe suisse?
Les deux sont magiques. C'est trop beau! J'ai eu la chance de jouer et marquer à Liverpool, en finale de Coupe de Suisse, mais aussi de fouler la pelouse de Wembley pour le match d'ouverture de l'Euro 1996. C'est une chance incroyable dans une carrière.
Et si vous deviez organiser votre jubilé, dans quel stade le joueriez-vous?
A Anfield, sans hésitation. C'est un stade vraiment mythique pour moi, où Keegan a marqué, etc.
Toutes périodes confondues, si vous deviez choisir une équipe qui vous a marqué, laquelle serait-elle?
Je dirais les Russes au Mondial 1986 ou 1990, je ne sais plus. On aurait dit qu'ils pouvaient marquer quand ils voulaient. Mais ils se sont fait éliminer en huitièmes ou en quarts, ils n'avaient pas tout compris.
Faire entraîneur, comme beaucoup d'anciens footballeurs, ça ne vous a jamais tenté?
Non, je ne m'en sens absolument pas capable. Je n'ai pas le don d'expliquer des notions tactiques, etc.
Pure fiction: vous pouvez bâtir une équipe composée des joueurs que vous avez côtoyés. Quel est votre onze de base?
Je dois vraiment choisir? C'est difficile. Je ne peux déjà pas choisir de gardien. Je dois en mettre quatre. Lehman, le plus fou, Pittier, un poète, extraordinaire, Pédat, un ami, et Pascolo, le plus fort. Après, derrière, je mettrais Quentin et Hottiger sur les côtés et Geiger et Henchoz dans l'axe. Au milieu: Pif et Lopez en récupérateurs et Beat et Alain Sutter sur les côtés. Enfin, Kubi et Chapi en attaque.
Mais j'ai aussi beaucoup de remplaçants: Patrice Mottier, un bon copain, mais aussi Wicky, Lonfat, Robert Lüthi, Carlos Manuel ou encore Bouderbala.
Qui serait votre entraîneur?
Je dirais Roy Hodgson, c'est celui qui m'a le plus marqué, à un moment où j'étais peut-être plus prêt à l'écouter.
Et devenir journaliste ou consultant, comme Dugarry ou Lizarazu, ça ne vous a pas tenté non plus?
Pas tellement, non. J'aime bien de temps en temps aller sur un plateau. Mais pas en tant que spécialiste ou consultant, plus comme spectateur averti.
Si vous étiez journaliste, quelle question jamais proposée vous poseriez-vous?
Comment avez-vous fait pour rester si longtemps dans le milieu du foot?
Et quelle réponse y donneriez-vous?
Je dois vraiment répondre? (rire) Non, mais c'est une question que je me pose maintenant, car je me rends compte que j'ai fait 14 ans de football et que c'était très dur. J'ai énormément douté dans ma carrière et j'ai pourtant toujours joué à un bon niveau, c'est-à-dire en LNA et en Nati. Finalement, je pense que d'avoir douté m'a poussé en avant.
Je ne suis pas aigri, j'ai trouvé cette période extraordinaire. C'est facile de critiquer, mais il faut aller dans l'arène. Je suis admiratif de ce que font les footballeurs.
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