Le plaisir pour moteur

HUMEUR Tolochenaz, Pétaouchnok, Vaulruz* et des plus exotiques... certains footballeurs du dimanche collectionnent les clubs comme DSK les conquêtes. D'un patelin à l'autre, sans compter les kilomètres, ils ne ménagent pas leurs efforts. Bien loin des Maldini, Xavi, Studer ou Mathys (!), modèles de clubisme. 

C'est que ces vagabonds sont atteints de "bougeotte aiguë", un mal obscur qui les empêche de tenir en place plus de six mois. Certains sont instables de nature, quelques-uns craignent la proximité de leur entraîneur et fuient dès leur premier passage sur le banc, d'autres enfin sont motivés par de plus vicieuses raisons. Ce qui fait courir ces Nicolas Marin du foot régional, ce sont les défraiements, les primes de victoire, les mandats "au black", bref le pognon. «Quoi? De l'argent dans les ligues inférieures? Jamais. En tout cas pas chez nous!» La réaction est classique. Reste que cette gangrène ne se borne pas aux cantons de Vaud et Genève, mais est bel et bien une réalité dans nos vertes contrées. En première ligue bien sûr, en "deux inter" encore, mais en deuxième et troisième ligue aussi, voire même plus bas.

Souvent sous la table, presque invariablement absents des comptes du club, ces petits arrangements entre gens de mauvaise compagnie se veulent le plus discret possible... mais finissent presque invariablement par sortir. Lors d'une soirée un peu trop arrosée ou au moment de la rupture, puisque dans ce monde des promesses non tenues, les histoires d’amour finissent mal en général.

A draguer par la force du billet ou se prostituer chez le plus offrant, les dirigeants, entraîneurs et joueurs concernés n’ont rien compris. Là où certains galopent pour des deniers, je préfère cent fois ceux qui courent avec le simple plaisir pour moteur. 

* Noms fictifs, pour ne pas heurter certaines sensibilités régionales.